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REFLEXION DU MOIS

JUIN 2023

Photo maison et vélo rouge.jpg

« On m'a volé mon vélo... »

 

Beaucoup de cyclistes bruxellois ont sans doute déjà vécu cette mauvaise expérience : aller dans le garage de sa maison ou sortir d’un magasin, et se dire, étonné : « Je l’avais pourtant bien mis là ! ». Notre vélo n’y est plus ! On regarde un peu plus loin, mais force est de constater qu'il a disparu. On l’a volé... on me l’a volé.  

 

Je parle du vélo, mais j’aurais bien sûr pu traiter de bien d’autres types de vol. Le vol nous prive d’un ou de plusieurs objets que nous possédons. La perte peut être catastrophique (comme dans le film « Le voleur de bicyclette » de Vittorio De Sica de 1948, qui évoque le drame vécu par un père de famille, pour lequel sa bicyclette était son outil de travail). Ici, je pense au vol d’un objet qui, quoique non indispensable, avait de l’importance pour nous. 

 

Si, ayant pris les bonnes mesures de protection, on a malgré cela été victime d’un vol, se culpabiliser n’est alors plus satisfaisant. Car ce qui s’est passé ne dépend plus de nous seul, mais d’un intrus, d’un autre menaçant, face auquel nous nous sentons impuissant, malgré nos précautions. Qui pourra nous en protéger ? La police ? Mais elle arrive trop tard. Et son travail d’investigation, si minutieux soit-il, peut nous paraître vain. De toute façon, le voleur est déjà loin… Alors que faire ? Avoir de nouveaux moyens de protection, comme un double cadenas, une puce électronique, une alarme plus sophistiquée ? Ou ne plus sortir le vélo ? 

 

La paix de notre univers personnel est vulnérable. Elle est menacée par un ou des ennemis qui rôdent dans le noir. Cette pensée, comme toute angoisse, peut finir par nous empoisonner la vie. Car en fait, ce qui a été volé est non seulement un ou des objets, mais une insouciance de vie. Comment alors ne pas se laisser enfermer dans ses peurs ou sa colère, dans le désir de protection qui nous habite, voire dans une rage contre ceux qu’on juge proches du voleur ?

 

Cette question est celle de la liberté spirituelle. Celle qu’évoque Jésus : « Ne vous faites pas tant de soucis » (Luc 12, 22). C’est dans la paix du cœur que peut grandir la liberté. Serait-ce une invitation à ce qu’on appelle, en sagesse bouddhiste, le non-attachement ? En ne se considérant propriétaire de rien, on ne souffrira pas de ce qui nous est retiré. Cette sagesse se retrouve dans le Livre de Job (1, 21) : « Le seigneur a donné, le Seigneur a repris. Béni soit son nom ». L’expérience du dépouillement nous invite à cela. Mais il y a plus. 

 

Le vol de notre insouciance pourrait nous orienter vers ce que j’appellerai une autre « souciance » : « Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et le reste vous sera donné en surcroît » (Matthieu 6, 33). Et Jésus d’ajouter : « Là où est votre trésor, là aussi est votre cœur » (Luc 12, 34). Un objet tel qu’un vélo peut devenir un trésor, et c’est quand on nous l’enlève, qu’on s’en rend compte. La paix du cœur peut être un trésor, et c’est quand on nous l’enlève, qu’on s’en rend compte. Est-ce que le Royaume et sa justice, dont parle l’Evangile de Matthieu, pourrait être notre trésor ? Perdre la paix, ce serait en vouloir à Dieu et aux humains, entrer dans la haine ou le jugement. Ce serait renoncer à créer, à recréer patiemment et ensemble, un monde fraternel et juste (le Royaume et sa justice). Avez-vous déjà senti que là serait votre trésor ? 

 

Je ne souhaite bien sûr à personne de vivre l’expérience d’un vol, mais si elle advenait, peut-être pourrait-elle nous rendre attentif à : « Là où est votre trésor, là est votre cœur ». 

 

Abbé Benoît Hauzeur, co-responsable de l'UP “Les Cerisiers”.

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