UNITÉ PASTORALE "LES CERISIERS"
WATERMAEL-BOITSFORT
REFLEXION DU MOIS
SEPTEMBRE 2024
« La vacance te dilate » (Eugène Guillevic)
La Réflexion du Mois de septembre aurait pu traiter de « la reprise » : reprise des classes, du travail, des activités usuelles, des activités paroissiales… Début septembre marque en effet habituellement la reprise de la vie « courante » (n’est-elle pas pour beaucoup une vie où on court en permanence ?)
Mais j’ai envie de partager, avec vous, les moments de vacance que j’ai vécus pendant ces vacances. Je mets le mot
« vacance » au singulier, la vacance étant l’élément de base des vacances.
Le mot vacance vient du latin vacare (être vide, avoir du temps) et plus précisément de son participe présent vacans. Il est presque tombé en désuétude sauf dans les domaines administratif et juridique où il évoque le manque de titulaire d’une fonction.
Quand je porte un regard sur ce que j’ai vécu cet été, j’ai fait l’expérience, à plusieurs moments, de la « dilatation » due à la vacance évoquée par le poète français Eugène Guillevic :
quelques jours avec des amis dans un petit village des Vosges, au creux d’une vallée calme, avec les randonnées qui nous amènent à découvrir sans cesse un autre point de vue du village et les moments de silence le soir;
quelques jours au rythme d’une famille en vacances, et des temps d’échanges avec des jeunes et des moins jeunes. Je retiens aussi de ce séjour, une visite de Limoges et de ses belles collections de porcelaine ainsi que l’émotion ressentie en découvrant l’horreur de la guerre qui a marqué la ville martyre d’Oradour-sur-Glane, près de Limoges;
de retour à Bruxelles, le plaisir de lire, à son aise, un ouvrage plus philosophique, tailler une bavette, flâner, donner des cours à des petits-neveux (d’ailleurs plus si petits que ça) pour préparer leurs examens de passage, cours durant lesquels transpirent leurs sentiments, leurs rêves, les questions qui les habitent.
Chaque moment entouré de sa vacance laisse résonner en moi ce qui a été reçu, donné et vécu. « La vacance te dilate » a écrit le poète E.Guillevic. Effectivement, je n’en sors point « rempli », mais enrichi ou appauvri car remis en question, dépouillé de l’une ou l’autre certitude, en tout cas, « dilaté », agrandi. Le monde est si vaste, sans pourtant aller bien loin.
Dans un autre poème, E. Guillevic écrit (« Art poétique », p. 252) : « Faire en moi cette vacance
Qui demande
À être vaincue ».
Pourrai-je continuer à me laisser dans cette disponibilité, cette vacance qui semble condamnée par l’air du temps ? La reprise des activités ne va-t-elle pas la vaincre ? Il va me falloir faire ou dire ce que je pense qu’on attend de moi, remplir ma mission, accomplir mes tâches. Et pourtant… A-t-on le droit d’être « inactif » ?
Mais ai-je été inactif durant ces vacances ? N’est-ce pas une belle activité que d’ouvrir ses portes et fenêtres, et laisser y souffler le Vent… l’Esprit. Le souffle qui nous porte tous dans la vie.
Abbé Benoît Hauzeur, co-responsable de l’UP « Les Cerisiers ».